Poignée de main !
Lors de l’élection du Président de l’Assemblée nationale, certains députés – majoritairement LFI et tous de gauche – ont refusé de serrer la main du jeune député qui tenait l’urne, au motif qu’il est un élu du Rassemblement National.
De la même manière, un sénateur socialiste a refusé de me serrer la main car le parti du Rassemblement National avait décidé de soutenir ma candidature aux dernières élections législatives. Je le dis d’expérience : c’est l’apanage de la gauche d’adopter des postures morales qui mènent au sectarisme le plus outrancier. Mais là n’est pas l’essentiel.
La poignée de main est un geste ancien, apparu alors que les hommes portaient une épée à la ceinture. Rencontrant un personnage également ceint du baudrier et de l’épée (le baudrier qui est l’ancêtre de l’écharpe tricolore portée par les élus), l’usage s’est propagé de tendre la main pour montrer à l’interlocuteur une volonté pacifique, la main n’étant plus libre pour saisir l’épée ou dissimuler un poignard. Cet usage s’est répandu entre les hommes, et seulement les hommes car eux seuls portaient l’épée, et a prospéré alors même que les épées ont disparu. Les femmes qui ont toujours une relation plus subtile à la violence, ont adopté la « bise », geste plus tendre et plus féminin (qui a aussi tendance tout récemment à se généraliser aux hommes !).
Refuser de se serrer la main, c’est donc bien une menace proférée à son interlocuteur : « je garde ma main libre pour saisir l’épée, ou te gifler ». Le refus de serrer la main de son interlocuteur contient donc une part d’affirmation de volonté de violence physique. On aurait pu croire cette violence physique banni des relations entre les hommes et les femmes politiques. Les élus de gauche l’ont « ressuscité ». Et les Français ont ressenti avec tristesse cette agressivité en voyant les images de l’Assemblée nationale.
Allez Mesdames et Messieurs les élus de gauche et d’extrême gauche, je vous serre la main avec chaleur. Je combats votre vision du monde mais j’ai besoin de vous pour limiter la mienne et la faire fructifier. Je combats vos idées politiques avec la plus grande passion, pacifiquement, en demeurant dans l’espace républicain, et je ne doute pas, en retour, que vous montriez la même obstination. Je vous tendrai la main car j’aime la démocratie et que notre opposition loyale et pacifique en constitue le fondement.