Autopsie d’une élection
ELECTION EUROPEENNE
En ce dimanche du 9 juin 2024, je préside le bureau de vote de ma commune pour l’élection des députés au parlement européen. L’affluence est là. Les électeurs répondent présent à près de 60%, 10% de plus que cinq années auparavant. Je perçois le sens de cette participation en hausse : les électeurs veulent sanctionner le pouvoir en place. Les Français sont las des paroles de leur Président et veulent des décisions pour leur vie quotidienne.
J’aime ce moment bien français, républicain, démocratique, où du jeune de 18 ans qui vote avec fierté pour la première fois, jusqu’au vieux qui se déplace avec difficulté et à qui on propose de couper la file d’attente formée devant l’urne, chacun a le même pouvoir, indépendamment de sa condition sociale, de son âge, de son origine, de la couleur de sa peau. C’est cela la France et mon émotion est toujours vive à observer chacun faisant son devoir électoral.
Le soir, après le dépouillement, je comprends que la sanction du président Macron est là, cinglante, violente envers l’homme pour rejeter une politique et une façon de l’incarner. Le RN est à plus de 32% ! LR, mon parti, survit à 7%.
Je me suis impliqué fortement, accompagné de quelques militants, dans la campagne des européennes, dans le combat mené avec intelligence, indépendance, conviction par notre tête de liste, François Xavier Bellamy. Je suis fier de l’aider en collant les affiches, en mobilisant les militants, et en tentant de convaincre mon entourage de lui apporter leurs suffrages. Il émerge dans tous les débats par sa connaissance des dossiers, la clarté de ses propos, l’élégance de ses arguments. Il est bien seul à porter cette liste. Il n’y a plus de militants dans ce parti. Il n’y a plus que des « personnalités » qui la joue « perso » et se fichent de la campagne de leur candidat. Oui, il surpasse ses concurrents, il est seul. Il ne fera pourtant que 7%.
Dès 20 heures, on apprend sans grande surprise, les sondeurs avaient bien travaillé, que la liste RN conduite par J. Bardella dépasse 32%. Un Français sur 3 ! Le PS représenté par R. Glucksmann est à 13%. J’en suis heureux. Il a élevé le débat avec FX Bellamy. Sa compétence est manifeste. J’ai combattu ses idées – toujours cette obsession pour la fiscalité et la dette à gauche – mais je reconnais l’engagement. L’espoir d’échapper au pire à gauche.
DISSOLUTION ET SEISME POLITIQUE
Quelques minutes plus tard, le président annonce redonner la parole au peuple pour une « clarification » et dissout l’Assemblée Nationale, annonçant des élections 3 semaines plus tard. Le choc est fort et je suis, comme beaucoup, dans un état de sidération. « Clarification » ? Mais c’est pourtant clair et le scrutin proportionnel a donné une image très lisible du paysage politique et, indirectement, de l’attente des Français. Notre président montre à nouveau qu’il est prince, et qu’il a le pouvoir de décider d’un séisme politique, de l’ouverture d’une crise dont personne ne voit l’issue. Il semble s’amuser du joli tour joué à tous les acteurs du pays, certain que son intelligence lui permettra de trouver la sortie que personne ne voit. Les quelques thuriféraires qui lui restent y voient un éclair de génie, un courage politique inégalé. Je ne vois que décision narcissique et un immense risque pour notre pays confronté déjà à une crise financière qui appelle des décisions rapides et courageuses. Il nous invite à danser avec lui sur le volcan. Et nous n’avons pas le choix. Alors la France va danser pendant un mois, comme jamais, pour aboutir à un véritable champ de ruines politiques, morales, économiques.
Une semaine pour déposer sa candidature. Ce délai devait rendre impossible tout accord politique, à droite et à gauche, et assurer une nouvelle fois la victoire du grand centre qui n’aurait qu’à agiter le drapeau de la raison face au RN et à LFI pour recueillir la voix de Français raisonnables et inquiets.
NFP : UN ACCORD POUR SAUVER LES MEUBLES DE LA GAUCHE
Dès la nuit du 9 au 10 juin, les partis de gauche engagent des discussions. 3 jours et 3 nuits leur suffiront pour signer un accord électoral et un programme de gouvernement où la surenchère populiste vire à l’outrance. C’est le prix de l’union. Les sociaux-démocrates, les socialistes de gouvernement, sont embarqués par Olivier Faure dans une danse infâme avec LFI, poursuivant le seul objectif de gagner des sièges. Il y parviendra mais les renoncements sont lourds.
Avec Mélenchon à la baguette, la gauche prépare le chaos de la France, chaos économique, chaos social, chaos politique. Avec le soutien du PS.
Oui cela fonctionne encore. Malgré des positions irréconciliables, les partis de gauche savent s’unir, et peu importe le réalisme du programme, seule l’union compte.
Et le liant de cette union, la meilleure garantie électorale depuis 40 ans, c’est l’union face à l’« extrême droite ». S’unir pour injurier un tiers des Français, ceux qui votent pour le RN. Racistes, pétainistes, xénophobes. Les slogans de campagne sont simples. Le dialogue est devenu interdit – on ne parle pas avec un raciste, on le combat.
Et quand on parle de nazisme et d’antisémitisme, on ne parle pas de l’état du pays. Un pays exposé à de très nombreux défis : les services publics en faillite, le risque imminent de banqueroute, la transition énergétique mal engagée, la culture woke qui se développe, les familles qui ne font plus face à l’éducation morale des enfants, l’enseignement qui abandonne ses enseignants, le défi de l’intelligence artificielle, les chocs migratoires, la sécurité, le recul de toute autorité, le chômage …. Vous en voulez encore ?
Quasiment aucun de ces sujets ne sera, abordé pendant la campagne, ou alors en apportant des réponses hors sol comme le programme du Nouveau Front Populaire : je reprends ici l’analyse de Jean Philippe Delsol, avocat : « Les propositions simplistes fleurissent dans la plateforme du NFP. Les prix sont trop hauts ? Bloquons les prix. Les logements sont trop chers ? Relançons la construction de logements sociaux. Les salaires sont trop bas ? Augmentons le smic et indexons les salaires sur l’inflation. Les services publics fonctionnent mal ? Donnons leur plus d’argent. Et tout est à l’avenant.
À plus long terme, le programme du NFP entérine purement et simplement les mantras des insoumis : interdictions, interventionnisme tous azimuts, planification, purge fiscale, réglementation, vannes du déficit public grandes ouvertes ».
On l’a compris : plus d’impôts, des petites entreprises en faillites, un pays qui entre dans une crise financière « à la grecque », le retour de l’abaya, l’ISF et la loi sur l’euthanasie… Voilà ce que propose cette gauche, voilà ce que propose les socialistes français, voilà ce que propose MM Hollande et Faure, tous en ordre derrière M. Mélenchon. Comment peuvent-ils oser cela ? Comment peuvent-ils jouer de la sorte avec leur électorat pour simplement gagner des élections en lâchant tous leurs principes ?
LES REPUBLICAINS, CADAVRE DE LA VIE POLITIQUE FRANCAISE
A droite, Éric Ciotti, sans doute sidéré par la perspective de la disparition des députés LR, et préoccupé par sa propre situation à Nice, franchit le mur qui le sépare du RN depuis 40 ans et annonce un accord avec son nouveau partenaire.
Si les médias « mainstream » – et en particulier tous les médias du service public dont on attendrait plus de neutralité – applaudissent au NFP qui signe « le sens des responsabilités » des leaders Mélenchon, Faure, Tondelier et de leurs lieutenants, les mêmes médias dénoncent l’accord honteux de Ciotti avec le RN. Les leaders historiques LR dénoncent aussi l’accord de Ciotti, et rappellent la position historique des Républicains contre l’« extrême droite ». Il s’agirait d’une question de « valeurs ».
Ce terme de « valeur » n’a toujours pas été défini. Je propose une définition : une valeur serait la transposition politique d’une morale partagée. Cette morale – ou éthique – qui nous vient de la religion chrétienne dont nous sommes les héritiers. Par exemple, hommes et femmes ont mêmes droits et mêmes devoirs ; un Français se définit par sa carte d’identité, pas par ses origines ; la propriété privée est la règle de l’organisation sociale … Voilà des principes de morale politique qui fondent nos valeurs. Mieux définir les mots permettrait assurément de mieux évaluer les événement politiques que nous vivons.
Si des valeurs séparent le RN et LR, je les situe dans l’histoire respective de ces mouvements depuis 1945, puis la période de la guerre d’Algérie. Il reste assurément des fractures entre ces deux mouvements, l’un historiquement gaulliste, l’autre historiquement antigaulliste. C’était vrai jusqu’en 2010, ce n’est plus vrai aujourd’hui. Marine Le Pen elle-même fait souvent référence au Général de Gaulle. C’est nouveau, c’est positif.
Triste fin de mon parti, LR, « héritier du gaullisme ». Ils ont oublié les inspirations du grand homme depuis 50 ans. Pire, pour ces élections législatives, imitant les autres partis politiques, ils sont partis dans les cuisines faire la tambouille, loin des électeurs, loin du peuple, pensant exister derrière les chefs Mélenchon, Macron et Bardella. Cette tambouille leur manquait. Ils en étaient privés depuis 1958. A ce jeu, le PS est imbattable. O. Faure est un digne héritier de F. Mitterrand, champion incontesté de la 4ème république jusqu’à ce que De Gaulle débarrasse la France de cette maladie d’un gouvernement des partis.
Les RN et LFI totaliseront environ 60% des voix au soir du premier tour des législatives du 30 juin 2024. L’histoire conservera des années Macron cette fin pathétique. Les LR, comme le PS, ont oublié le peuple pour ne se préoccuper que de conserver ce qu’il reste de pouvoir local. Ces mouvements restent riches de talents, de personnalités capables d’être député ou ministre. Mais toutes les compromissions, même les plus odieuses, semblent devenir possibles quand sonne l’heure du vote. Les accords de désistement du second tour dans lesquels toute la gauche et nombre de candidats LR seront associés le confirmeront davantage encore. Cela sauvera les candidats PS et LR d’une disparition. Mais soutenir les candidats de la gauche englués dans un accord électoraliste avec LFI, accord qui prépare la faillite économique et morale de notre pays est une honte. Je le dis simplement, jamais je ne me serais retiré d’une triangulaire qui aurait facilité l’élection de M. Faure. Non pas que ce ne soit pas un homme politique respectable, il l’a été, mais l’accord signé avec LFI le rend complice d’une infamie qui le place désormais hors de l’arc républicain.
E. Ciotti, de sa propre initiative, tombe donc dans les bras de Marine Le Pen, sans avertir personne. Pas très glorieux mais non sans courage et sans clarté. La plupart des autres caciques du parti dénoncent cet accord et réaffirment le ni-ni : ni RN, ni Macron. Ils font néanmoins l’inverse et passe discrètement de nombreux accords avec les partis associés à E. Macron. Le cabinet de G. Darmanin est sollicité pour caler tous ces arrangements. En Seine et Marne, ces arrangements peu transparents permettront de limiter les dégâts de la droite LR et du centre – dont deux ministres sortants. Et les militants dans tout cela sont superbement ignorés !
Je ne participe pas à toutes ces tambouilles. Je conserve une certaine fraicheur – une naïveté pourront dire certains – dans mon engagement politique. Sans doute parce que cela n’a jamais été mon métier. Et je le revendique car c’est le meilleur antidote à toutes les postures idéologiques que j’abhorre.
FRONT REPUBLICAIN CONTRE LE RN
Le RN fera les frais de ce fameux front républicain. Ce vieux mythe du front républicain fonctionne toujours, alors que le RN a changé. Ce n’est plus le FN de JM Le Pen. Le mur est resté, comme la butte témoin des années Mitterrand – lui, l’as de la manoeuvre électoral qui sera passé de l’extrême droite vichyste au programme commun de la gauche avec le parti communiste – qui a inventé le concept et fait pousser la droite de JM Le Pen. Et Chirac a très bêtement consolidé le mur pour en faire une frontière étanche entre la droite « républicaine » et une « extrême droite » qui ne le serait pas. Le dispositif a réussi paradoxalement ce tour de force de créer un mouvement qui rassemble aujourd’hui un tiers des Français mais que la gauche et une partie de la droite continuent d’injurier. Et combattant par un mur étanche les idées souvent funestes de JM Le Pen, on a oublié les Français qui aspirent à des changements de leur vie quotidienne, en matière de sécurité et d’immigration en particulier, et qui ont été de plus en plus nombreux à se réfugier dans ce vote.
Dire sur les antennes son opposition à l’arrivée au pouvoir du « maréchal Bardella » est certainement une formule dont M. Faure et ses conseillers en communication sont fiers, mais c’est un outrage à la France et à son histoire, c’est une injure à un tiers des électeurs français. Comme M. Faure aime faire un parallèle entre Vichy et le RN, je lui rappelle que le maréchal Pétain a mis fin à la République le 10 juillet 1940 grâce au soutien de 90 députés socialistes de l’époque – 36 ont voté contre. Je lui rappelle aussi volontiers que MM Laval, Doriot, Marquet, Mitterrand ont tous soutenu, certains jusqu’au crime, le gouvernement de Vichy.
Je les entends déjà me dire que, de mon côté, en acceptant les voix du RN, je pactise avec les nazis. Réponse outrancière et mensongère, mais efficace pour les militants et les plateaux de télévision. Comprenant le soutien que le RN apporte à ma candidature, un parlementaire socialiste refusa même de me serrer la main. Quelle outrance, quelle arrogance, quel abandon de toute rigueur intellectuelle et politique, et surtout quelle injure au peuple ! On reverra cette attitude d’une grande violence à l’Assemblée Nationale.
Oui le RN ne mérite pas autant d’opprobres. Ce n’est pas mon parti, ce n’est pas ma culture mais je sais observer les décisions prises pour écarter les « brebis galeuses », pour éliminer tout propos ambigu. Le programme économique reste faible et empreint d’une dimension populiste contraire à ma culture politique qui se nourrit d’ordo-libéralisme, de responsabilité, d’ordre, de l’attention au peuple et d’un amour pour notre nation, son histoire et sa civilisation.
J’ai été frappé pendant la campagne pour les élections européennes que les Français plébiscitent très largement le retour de l’autorité, de l’ordre, de la sécurité, qu’ils demandent la maîtrise de l’immigration, le retour d’une forme de respect. A part LFI et ses satellites de gauche, les autres partis sont sur la même ligne. C’est une demande répétée par une très large majorité des Français qui n’a pourtant pas été entendue depuis tant d’années, ce qui a nourri le vote pour le RN.
Le RN n’est pas encore prêt à gouverner et doit poursuivre un travail profond, sérieux, appliqué. M. Bardella le reconnaitra avec réalisme et humilité après la défaite du second tour. Il doit aussi s’ouvrir à d’autres et les déclarations publiques récentes semblent montrer cette volonté.
Alors nous pourrons, nous responsables politiques de droite, créer un grand mouvement libéral, populaire, qui aime la France et les Français, et qui les rassemble largement.
CANDIDAT DANS UN PAYSAGE POLITIQUE EN RUINES !
C’est bien le spectacle du NFP qui me convainc d’annoncer ma candidature. L’accord de la gauche est infâme selon les termes du Président du CRIF. Piloté par Mélenchon et mis en oeuvre par Olivier Faure en contradiction totale avec les convictions affirmées avec talent par R. Glucksmann tout au long de la campagne pour les européennes, cet accord électoraliste préfère le mensonge à la droiture. L’âme politique de gauche ne pèse pas lourd face aux impératifs des modes de scrutin. Opposés sur l’économie, sur l’Europe, sur la politique internationale, sur le Hamas, sur la politique sociale, ces partis se réunissent en trois jours sur un programme absurde. Sans doute pensaient-ils que ce projet n’était pas destiné à être mis en oeuvre. Mais être conduits à se contredire avec une telle intensité pour l’unique raison que l’on passe d’une élection à la proportionnelle à une élection majoritaire à deux tours est une violence et un cynisme qui font très mal à notre pays et à la parole publique. J’en suis alors bouleversé et en colère. Nous voilà revenu aux pires heures de la 4ème république, quand les partis décidaient de la France contre le peuple.
Je décide d’être candidat contre Olivier Faure. Cette décision est soutenue en 24 heures par tous les autres partis de droite, LR, RN, Reconquêtes. Ils ne présenteront pas de candidat contre moi. Ils ont compris que je suis le seul à pouvoir présenter une candidature crédible dans cette circonscription considérée comme imprenable à la gauche.
Dans cette décision, je n’ai qu’une seule exigence : je serai libre, je refuserai tout soutien financier des partis, toute logistique, tout slogan. Ce que je dirai, ce que j’imprimerai ne sera que le reflet de mes convictions politiques. Si je décide d’indiquer « Les Républicains, soutenus par le RN » sur mes affiches et sur la profession de foi, ce n’est que pour dire les choses comme elles sont. Cela me vaudra quelques injures.
La gauche a en effet préempté le camp du bien et le seul fait de ne pas être de gauche et de vouloir être élu avec les voix du peuple de droite est un outrage à leurs « valeurs ». L’escroquerie intellectuelle est totale.
J’appelle tous les maires de la circonscription qui comprend 11 communes. Je les informe de ma décision et me trouver être le seul candidat de la droite. L’accueil est respectueux. Ils me connaissent. Peu me soutiendront, je le savais.
Je suis libre, et je suis seul.
LA CAMPAGNE
Ma candidature est déposée le dimanche 16 juin. Les fonctionnaires de la préfecture se montrent bienveillants pour m’aider à franchir les dernières haies administratives et légales pour ma candidature. Je leur en sais gré.
Mercredi 19 juin : les affiches et le premier tract sont disponibles. Une belle équipe de campagne se réunit autour de ma candidature. Je ne leur demande rien d’autre que de m’aider car je suis le challenger, je serais la grosse surprise si je gagnais cette élection. Cette perspective de battre Olivier Faure leur suffit pour donner tout ce qu’ils peuvent. Je suis impressionné. Ils partagent ma colère contre les mensonges de la gauche.
C’est parti. On colle les affiches officielles, on colle l’affiche de campagne. Il faut fixer les règles, organiser les équipes : « panneau numéro 4 ! Ne vous trompez pas ». Il me faudra repasser sur quelques panneaux officiels où mon équipe s’est trompée de numéro ou même d’affiche. Il me manque un directeur de campagne. Je prends le rôle. Pas le temps de tergiverser. L’équipe reste très mobilisée et nous sommes bientôt plus de 20 à participer à toutes les actions.
Sur le terrain, la confrontation des militants est parfois un peu rugueuse. J’admire l’implication passionnée de tous et le leur dis, y compris aux militants NFP que nous croisons. Je suis néanmoins frappé par une forme de violence militante jamais observée auparavant. Une de mes équipes est littéralement expulsée d’un événement local ouvert à tous. Les militants NFP leur font comprendre qu’ils prennent des risques en restant là. Ils ne pas bienvenus. Le « racisme n’a pas sa place ici ». Informé, je leur recommande de se replier.
J’aime les campagnes électorales, car j’aime rencontrer les gens et leur expliquer pourquoi je sollicite leur suffrage. J’aime rencontrer les Français dans leur diversité, dans leur souffrance, dans leurs aspirations, dans leurs joies. Beaucoup se livrent, heureux de rencontrer un candidat. Maire depuis 16 ans, j’aime cette proximité avec ceux dont je partage l’espace de vie, les transports, les centres commerciaux, les écoles. Alors chaque jour, je suis dans les gares, sur les marchés. L’accueil est bon.
Après un échange avec des militants LFI, très agressifs au départ, plus ouverts à mesure que je propose le dialogue et leur fait part de mon respect pour leur engagement, je propose de partager les espaces d’affichage libre et ne pas recouvrir toutes les affiches du concurrent, mais une sur deux. Cela permettra une économie de papier et montrera aux électeurs que les candidats se respectent. Ma proposition est accueillie par une militante que me promet de « faire remonter l’idée ». Je m’y tiendrai dans toutes mes instructions aux militants. Elle sera largement appliquée de notre côté. C’est aussi une autre façon de faire campagne que je veux promouvoir.
Une campagne numérique s’organise autour de mon blog. En 10 jours, comment faire ? Je décide l’envoi d’un courrier aux électeurs par la poste dans certaines communes. Et nous rassemblons autant d’adresses courriels que possible pour informer nos militants et sympathisants.
Un second tract est préparé pour une diffusion dans les boites aux lettres, autour des gares et des marchés. J’y réaffirme ma liberté et le soutien LR et RN. J’y confirme ne bénéficier d’aucun soutien financier, logistique ou rédactionnel. Cette liberté a un prix et je dois rassembler mes économies familiales pour faire face à tous ces engagements. Environ 25 000 € au total qui seront financés par le soutien public (environ 50% des dépenses remboursées dans un an), par des dons de personnes qui me soutiennent, et par l’épargne familiale. J’ai conscience que sans économie, ou sans soutien d’un parti politique, pas de candidature. C’est une question importante qui n’a pas trouvé de réponse, privant sans doute certaines personnes de se présenter.
LA DEFAITE ?
Les militants y croyaient. Je me même parfois laissé convaincre que la victoire est possible. Dès les résultats de la première commune connue, je comprends que c’est perdu. Olivier Faure sera élu dès le premier tour avec 53% des suffrages. Je le félicite par un SMS.
La loi électorale majoritaire a confirmé sa règle : il faut être uni pour gagner. Sans les voix LFI, Olivier Faure serait arrivé 3ème au premier tour et aurait sans doute perdu au second tour dans une triangulaire. Le stratagème NFP a fonctionné.
Je remarque aussi la forte mobilisation de l’électorat de gauche. Il semble que l’augmentation de la mobilisation entre l’élection européenne et ce premier tour des élections législatives ait bénéficié à Olivier Faure plus qu’à moi. Le caractère imprenable de cette circonscription prend tout son sens ici. Chaque commune tenue par la gauche sait mobiliser ses associations, services et relais locaux pour aller voter, et « bien » voter.
Oui c’est une défaite malgré un résultat honorable. Un second tour face à Olivier Faure aurait abouti à un score que l’on peut estimer à 42/44% contre 56/58%. Le report des voix du centre macroniste se serait vraisemblablement effectué très majoritairement sur ma candidature. La progression est là si l’on compare à 2017 ou 2022. Mais la victoire demandera un travail de fond qui n’a pas pu être fait pendant cette campagne.
Je suis frappé aussi du contraste entre les bureaux de vote des villages et hameaux de la circonscription qui se sont fortement mobilisés pour me soutenir et le score élevé – 55 à 60 % – accordé à Olivier Faure dans les plus grandes communes. La fracture de notre pays peut aussi s’observer là.
Il me faut remercier et rassurer les militants qui ont tant donné. Je le fais avec une immense gratitude. J’ai le sentiment qu’un espoir s’est levé ici en Seine et Marne.
Les résultats nationaux montrent la force du RN qui rassemble près de 11 millions de voix. Les accords d’appareil de la NFP jusqu’au LR les priveront néanmoins d’obtenir une majorité au second tour.
Quant à moi, je poursuivrai avec tous ceux qui le souhaitent, ce combat pour notre pays, pour les générations qui viennent. Mon ambition sort renforcée de cet épisode électoral.
A bientôt.