8 mai 2024
Discours prononcé à Seine-Port le 8 mai 2024
Mesdames et Messieurs les anciens combattants,
Messieurs les officiers et hommes du rang de la Marine nationale,
Mesdames et Messieurs les élus, chers collègues,
Chers amis,
Voilà 79 ans que l’Allemagne signait sa capitulation à Berlin, en face des puissances alliées dont la France Libre combattante unie derrière le Général de Gaulle.
Depuis le 8 mai 1945, notre pays et ses voisins vivent en paix et ont construit un continent prospère. Les nations d’Europe qui ont uni une part de leur destin ont trouvé la voie d’une paix juste, d’une durée inégalée dans notre histoire. Nous le devons à ceux qui ont combattu, aux soldats victorieux, nous le devons aux dirigeants politiques soucieux du bien commun qui ont travaillé à construire la paix, nous le devons aux nations et aux peuples européens qui ont accepté une juste réconciliation.
Mais la paix, nous le savons en Europe, est fragile. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine, deux pays au destin européen, nous le rappelle douloureusement. Les conflits au Moyen-Orient nous disent chaque jour combien la paix est difficile à construire et à préserver. Là est notre responsabilité dans notre Europe en paix, mais qui semble s’abandonner à une culture de guerre, une culture qui s’enrichit de nos abandons. Face à cette culture de guerre, il nous appartient de promouvoir une culture de paix qui repose sur des exigences fortes.
L’exigence culturelle et historique : comprendre l’Histoire, comprendre l’Ukraine et la Russie, comprendre le Jourdain et Jérusalem, comprendre l’Europe des Balkans, c’est une nécessité pour alimenter la culture de paix. La profonde et toujours croissante « inculture historique » de la plupart de nos enfants, des étudiants, journalistes et hommes politiques, est un signal d’abandon qui doit nous interpeler.
L’exigence militaire : assurer à nos armées des moyens suffisants, transmettre à nos soldats la fierté de l’uniforme et l’exigence du service, faire les choix stratégiques de façon coordonnée avec nos alliés, ne jamais sacrifier aux intérêts politiques de court terme la grandeur de l’action militaire, constituent le socle de la culture de paix.
L’exigence des nations : la nation est et restera l’échelon de l’engagement pour la paix ou pour la guerre. Nous ne déléguerons jamais cette responsabilité à un tiers, que ce soit l’Europe, l’OTAN ou l’ONU. L’idée d’une armée européenne est bien un contresens. Mais l’idée d’une Europe des armées, nationales, est une évidence. L’exigence diplomatique est et doit être le ciment entre les nations ; un échec diplomatique est une brèche vers la guerre.
La culture de la paix se prépare enfin dans chacune de nos familles, de nos écoles, de nos communes. Notre société française, comme toutes les démocraties du monde, est affaiblie, tiraillée, fatiguée d’un environnement qui abîme. La situation financière du pays signe l’abandon de ses exigences fondamentales, la dévalorisation du travail, la désaffection de l’école, la domination de la culture du loisir, des réseaux sociaux numériques qui diffusent pour l’essentiel la violence, les injures, la malveillance, jusque dans les familles fragilisées par l’individualisme triomphant …
Et c’est en surmontant ces défis que nous créerons les conditions de la paix. La France sera crédible si elle en trouve le chemin. Elle en a la possibilité, elle en a la volonté, elle le doit..
Alors poursuivons sans relâche le beau message transmis par ceux qui ont donné leur vie pour notre liberté, ceux qui ont pris tous les risques pour la France.
Vive la République,
Vive la France.